La station Lemonnier
L’ART DANS LE MÉTRO
LES MAINS DE L’ESPOIR
Une œuvre monumentale dans la station pré-métro Lemonnier
Plus d’un million de navetteurs par an.
Pour décorer la station de métro Lemonnier à Bruxelles, les autorités se sont adressées à l’artiste belge d’origine algérienne HAMSI Boubeker.Créateur des célèbres « Les Mains de l’Espoir », la station fut inaugurée fin 1999. Dix ans plus tard, à l’occasion des travaux de modernisation de cette infrastructure, ces dessins ont fait l’objet d’une nouvelle mise en image sur tôle émaillée.
213 modules illustrés ont été installés et inaugurés officiellement une seconde fois, par le Ministre des Transports, Pascal SMET, en juin 2009. La réalisation de ce décor fut suivie, pas à pas, par les cinéastes Yves Gervais et Stéphanie Meyer, qui en ont tiré un film : « Une empreinte de la vie », produit par le Centre Vidéo de Bruxelles.
LE MÉTRO LEMONNIER
On sait que, depuis plusieurs décennies, la région bruxelloise a accueilli un nombre croissant de personnes d’origine étrangère, et singulièrement d’origine maghrébine. La station de métro Lemonnier, entre autres, se situe dans un quartier de Bruxelles-Ville à population fortement multiculturelle. Elle est donc un lieu de passage symboliquement important, où se croisent chaque jour habitants du quartier, écoliers, travailleurs, voyageurs venus de la Gare internationale du Midi…
Aussi les responsables du métro, ayant à choisir en 1998 l’artiste qui décorera la station, s’adressent-ils tout naturellement à HAMSI qui a su s’intégrer parfaitement au monde bruxellois sans rien rejeter de sa culture berbère natale, et qui s’est affirmé avec « Les Mains de l’Espoir », comme chantre de la fraternité humaine.
HAMSI décide d’accepter la proposition, et choisit de travailler à partir des silhouettes de mains appartenant à une quarantaine de ses amis. Ces silhouettes, dont chacune a donc son identité et son histoire propres, sont agencées en une composition dynamique, agrandies, décorées de motifs inspirés des tatouages kabyles traditionnels. De plus, pour l’entrée de la station, HAMSI réalise sur tôle émaillée de 6 mètres sur 4 une œuvre originale en couleurs, représentant sous l’aspect d’un mosaïque divers aspects de la vie bruxelloise.
La station Lemonnier est inaugurée, la première fois, le14 décembre 1999, en présence de M. Jos Chabert, Ministre bruxellois des transports, de l’Ambassadeur d’Algérie et de nombreuses autres personnalités. Journalistes et visiteurs de la station se plaisent à souligner le caractère très parlant, très « communicatif » du décor, qui livre aux passants son message de bienvenue en se jouant des barrières sociales, linguistiques et culturelles : toutes ces mains entremêlées semblent autant d’oiseaux de bon augure, prêts à s’envoler pour porter aux quatre coins du monde un salut fraternel.
HISTORIQUE
2008 en chantier.
Avant d’être sérigraphiées par la société « POLYVISION » sur tôle émaillée, les mains sont tracées à l’encre de Chine sur papier et décorées de motifs kabyles, auxquels s’ajoutent des motifs librement imaginés par l’artiste, sorte de variations personnelles à partir des thèmes traditionnels. Mais la mise en images est elle-même complètement repensée, avec l’aide amicale de M. Luc LEGRAND, Docteur en Histoire de l’Art et membre de la C.A.I.D. Plus que d’une simple rénovation, c’est donc d’une véritable re-création qu’il s’agit, entreprise facilitée par l’emploi de l’ordinateur qui permet d’expérimenter de multiples possibilités combinatoires avant d’aboutir à la composition définitive.
UN MESSAGE UNIVERSEL
La démarche d’HAMSI dans l’opération « Les Mains de l’Espoir » comporte donc plusieurs étapes et plusieurs niveaux de signification. Il s’agit pour lui, dans un premier temps, de rencontrer diverses personnes et de les convaincre d’adhérer à un projet collectif, celui d’une campagne en faveur de la tolérance et de la fraternité. La silhouette de la main, à cet égard, joue un peu le rôle d’une signature au bas d’un manifeste ; non d’une signature abstraite toutefois, mais d’une empreinte où la personne est physiquement présente dans sa singularité. Toutes différentes les unes des autres, ces empreintes ne sont en effet nullement assimilables à des pictogrammes anonymes. Quoi qu’il en soit, le point de départ de toute l’aventure est là, dans ce « don de la main », dans cette transaction initiale qui relève tantôt de l’amitié, tantôt de l’entente ou de la connivence morale.
Une seconde étape consiste à grouper sur un support unique les différentes « mains » qui ont été ainsi récoltées. Groupement indispensable, car lui seul permet de manifester de façon concrète le caractère fondamentalement collectif de l’opération : un appel à la solidarité n’aurait guère de sens s’il n’était soutenu par plusieurs. D’autre part, le talent de l’artiste joue ici un rôle important, puisqu’il s’agit d’agencer la composition générale de l’image selon un projet de nature esthétique. Loin de se réduire à une énonciation prosaïque ou à un simple alignement de motifs semblables, le message de fraternité se trouve donc transcendé, magnifié dans une forme artistique propre à frapper l’imagination du spectateur. Vient alors le travail d’ornementation, qui poursuit dans la même logique. On l’a dit, ce travail s’inspire dans une large mesure des motifs décoratifs caractéristiques de la culture kabyle, tels que les femmes se les transmettent de génération en génération. De type pictographique, ces motifs représentent sous une forme géométrique et stylisée, au point de les rendre souvent méconnaissables, des objets familiers (la lampe, la cruche, le peigne, le filet de pêche), des végétaux (l’arum, le figuier de Barbarie, le palmier), des animaux (le serpent, le crabe, la tête d’âne, le nid d’abeille). Utilisé dans la décoration intérieure de la maison, mais aussi dans la peinture des poteries et dans l’ornementation des tissus de laine, chacun d’eux est associé à une croyance, à un dicton, à un rite, lesquels renvoient eux-mêmes aux thèmes de l’entente, de la paix, du bonheur conjugal et familial.
Quoi de plus normal, pour HAMSI, de puiser dans la tradition artisanale kabyle pour effectuer la décoration des mains ? Une campagne en faveur de la tolérance et de la solidarité n’est-elle pas, elle aussi, une manière de conjurer le malheur et d’amadouer la chance ? Tout singuliers qu’ils apparaissent au point de vue graphique, les motifs kabyles sont porteurs de significations qui rejoignent des thèmes universels. Mais surtout, la démarche d’HAMSI veut montrer qu’il n’y a pas de fraternité humaine possible si chacun ne s’efforce pas de respecter la culture de l’autre : du point de vue de la dignité de la personne, il n’y a pas de « grande » et de « petite » culture.
LA PRESSE
FEMMES D’AUJOURD’HUI – Janvier 1999
LA DERNIÈRE HEURE – Décembre 1999
LA LIBRE BELGIQUE – Novembre 2008
LE SOIR D’ALGÉRIE – Avril 2009
LA TRIBUNE DE BRUXELLES – Mai 2009
INAUGURATION DE LA STATION ILLUSTRÉE PAR L’ARTISTE
La station fut inaugurée une première fois par le Ministre des Transports Monsieur George Chaber, fin 1999. Dix ans plus tard, à l’occasion des travaux de modernisation de cette infrastructure, la station a été inaugurée officiellement en juin 2009, par le ministre des Transports, Monsieur Pascal Smet.Étaient présents, plusieurs membres du gouvernement, les amis de l’artiste, ainsi que la presse.